Emissions de gaz à effet de serre, gestion des déchets, égalité homme-femme, droits des salariés, corruption… Autant de sujets qui font partie de notre quotidien et d’une prise de conscience généralisée dans la quête d’un monde meilleur et plus juste. Alors chacun essaye, à sa manière et à son échelle, de faire sa part du travail à l’image de la légende amérindienne du colibri.
Au-delà de ces gestes qui participent à la construction d’un nouveau mode de vie et de consommation, l’épargnant s’interroge légitimement sur l’impact social et environnemental de ses investissements financiers. A l’heure où le capitalisme est constamment pointé du doigt comme étant la principale cause de tous les maux humains et environnementaux, n’aurait-il pas en réalité une place de choix pour faire évoluer les choses ? C’est là l’essence même de l’Investissement Socialement Responsable (ISR).
Qu’est-ce que l’investissement socialement responsable ?
L’ISR lie l’éthique à la finance pour favoriser une économie responsable. Les sociétés de gestion ne sélectionnent plus seulement des valeurs à acquérir par analyse financière classique mais tiennent aussi compte de critères extra-financiers réunis autour du triptyque ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Aucune définition exhaustive ou modèle préétabli ne permettent de couvrir l’ensemble des stratégies et convictions recherchées par les gérants. Afin d’aider les investisseurs et éviter les dérives marketing sur le sujet, différents labels ont vu le jour dont le label ISR qui est aujourd’hui le plus connu en France.
Certains secteurs ou sociétés sont d’office écartés de la composition des investissements du fait de la nature de leurs activités. Il en est ainsi de tous les secteurs de l’armement ou des énergies fossiles qui sont exclus par manque ou absence totale d’éthique et de bienveillance environnementale.
Critères environnementaux
« Le changement climatique est l’un des grands défis de notre temps » commentait Emmanuel Macron en 2017 lors de la décision de sortie des Etats-Unis de l’Accord de Paris.
Ce premier critère permet d’intégrer l’impact direct ou indirect des activités d’une entreprise sur l’environnement. Les éléments de sélection pourront tenir compte des émissions de CO2, des politiques de recyclage des déchets ou encore de la consommation d’électricité.
Critères sociaux
Seront ici regardés l’égalité des sexes, la qualité du dialogue social, l’emploi des personnes handicapées ou encore la formation des salariés.
Critères de gouvernance
Les critères de sélection tiendront compte de la transparence de la rémunération des dirigeants, de la lutte contre la corruption ou de la féminisation des conseils d’administration par exemple.
Un peu d’histoire
C’est au début des années 1920 que sont nés les premiers fonds éthiques gérés selon des critères d’exclusion (tabac, alcool…).
Ensuite dans les années 1960/1970, sous l’impulsion de l’activisme actionnarial, des pratiques d’engagement et de dialogue ont commencé à se développer.
Mais ce sont surtout les années 1980 et 1990 qui ont vu la création des premiers fonds thématiques éco-responsables ou fonds de gouvernance.
Par la suite, en janvier 2016 fut créé par le ministère de l’Economie et des Finances un label ISR visant à clarifier le concept d’Investissement Socialement Responsable. La création de ce label a fait de la France le pays précurseur en Europe sur le sujet.
Avec la loi PACTE promulguée en mai 2019, une nouvelle étape a été franchie avec l’introduction de l’obligation pour tous les contrats d’assurance-vie de proposer au moins un fonds labellisé ISR, Greenfin ou solidaire.
Vous remarquerez que jusqu’alors, nous n’avons parlé que de finance et jamais d’immobilier. En effet, le chapitre de l’investissement immobilier socialement responsable a été ouvert il y a moins d’un an. A partir du 23 octobre, les SCPI et OPCI pourront réclamer leur labellisation ISR au regard de nombreux engagements pris pour répondre aux problématiques de notre société : la livraison de résidences séniors afin de répondre au vieillissement de la population, la rénovation de bâtiments énergivores, etc…
Peut-on réellement attendre de la performance sur l’ISR ?
La réponse est sans équivoque : OUI !
« Les pays ayant plus d’égalité des sexes ont une meilleure croissance économique » (Ban Ki-Moon). Critères ESG et performance financière ne sont pas antinomiques.
L’ISR est aujourd’hui identifié comme une réelle création de richesses permettant d’accéder à des performances tout aussi intéressantes que des fonds « classiques », à catégorie équivalente. Les performances passées sont basées sur des chiffres ayant trait aux années écoulées et ne sauraient présager des performances futures, rappelons-le.
Quel est l’impact réel de ces fonds ISR ?
Investir de manière responsable est louable et les épargnants sont en droit de connaître la réalité de l’impact de leurs investissements sans s’arrêter aux promesses des sociétés de gestion. En pratique, l’exercice peut s’avérer plus difficile qu’il n’y paraît car certains critères ESG peuvent être complexes à matérialiser. La mise en place d’indicateurs ESG a pour but d’appréhender la réalité de l’impact des investissements socialement responsables sur les grands défis de la finance contemporaine. Pour le critère environnemental, il va par exemple s’agir de calculer l’économie d’émissions de gaz à effet de serre en tonnes par million d’euros de chiffre d’affaire. Le taux de fréquence des accidents du travail ou la multiplication des crèches dédiées aux salariés d’une entreprise permettra aussi de calculer l’impact de l’investissement d’un point de vue social. Le pourcentage de femmes dans le conseil d’administration participera à évaluer le respect du critère de gouvernance dans la durée.
Pour exemple, un fonds d’actions labellisé ISR d’une société de gestion luxembourgeoise a ainsi eu une empreinte carbone inférieure de près de 59 % en 2019 aux investissements réalisés par des fonds de même catégorie mais non labellisés.
Et chez ICF, que fait-on ?
Il nous est impossible de vous délivrer le bilan carbone du cabinet car cela dépasse de loin notre champ de compétences. Mais sans parler de nos différents actes quotidiens et personnels visant à réduire les traces de notre passage sur cette planète, l’équipe ICF intègre depuis quelques années des fonds ISR dans les allocations de portefeuille. La finance responsable a aujourd’hui toute sa place dans la diversification de l’épargne et la recherche de performance. Cette démarche ne cesse de se développer au sein du cabinet grâce à la multiplication des fonds disponibles dans la plupart des contrats proposés.
Elodie Rivet – Ingénieur Patrimonial